Simone [S1m0ne - 2002 - 115 min.]

Simone est une comédie très agréable, adaptée à une soirée "détente" et, en même temps, pleine d'idées pour un débat. Le réalisateur Viktor Taransky (l'excellent Al Pacino) est très stressé : d'une part la star de son dernier film fait des caprices hystériques, d'autre part la production - dirigée par son ex-femme - lui impose des conditions de travail qu'il ne peut, en toute conscience, pas accepter. Une fois licencié, alors qu'il se débarrasse du matériel filmé (les "bobines" du film) dans le studio de production qu'il doit quitter, un informaticien en fin de vie lui propose d'expérimenter un programme qui lui permettrait de créer une actrice virtuelle. L'actrice connaîtra un succès retentissant, qui ira bien au-delà de ce que le réalisateur aurait pu prévoir.

Si aujourd'hui nous sommes habitués aux acteurs virtuels - par exemple les effets spéciaux de La Planète des singes rendent les chimpanzés d'un réalisme surprenant - Simone semble se situer plutôt fin des années 70, quand la différence entre réel et virtuel était encore clairement visible à l'écran. On comprend donc l'incrédulité que Viktor suscite quand il explique que Simone n'existe pas vraiment.

Le film se prête à des lectures multiples. Tout d'abord, la relation star / production / réalisateur, même si parfois exagérée dans le récit, nous plonge au cœur du fonctionnement des « majors », les grands studios de production cinématographique. Les dialogues et les monologues d'Al Pacino illustrent des aspects importants de l'histoire hollywoodienne. La disparition (une fausse mort prématurée) et le retour de Simone, est exactement ce qui est arrivé à la première star de cinéma. Le comportement hystérique des fans, alimenté par des journalistes sans scrupules, nous montre certaines limites de l'industrie du divertissement. Mais le sujet fondamental d'un débat réside dans la relation de chacun de nous au virtuel, notamment aux réseaux sociaux (Facebook etc.).

C'est la fille de Viktor qui posera la question fondamentale : qui a vraiment rencontré Simone ? On se rend compte alors que toutes les relations avec la star étaient basées sur une image mentale, un désir, une illusion. Une fois cette illusion « clarifiée », la famille de Viktor se recompose : un final style comédie américaine oui, mais peut-être utile pour le moral dans le temps présent.
À partir de 14 ans.

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